L’impact mondial de la pandémie du Covid-19 sur les personnes atteintes de mucoviscidose

Lors de la première vague du Covid-19 au printemps, nous avons déjà rendu compte d’une étude internationale de cas corona chez les personnes atteintes de mucoviscidose. Le 13 avril, on relevait au total 40 cas connus de personnes atteintes de mucoviscidose testées positives au coronavirus dans 8 pays (Australie, France, Irlande, Hollande, Nouvelle-Zélande, Canada, États-Unis et Royaume-Uni).

Ce décompte a été complété par la suite avec les données provenant de 11 pays supplémentaires : Argentine, Belgique, Brésil, Chili, Allemagne, Italie, Russie, Espagne, Afrique du Sud, Suède et Suisse. Le 12 juin, on comptait au total 181 cas (y compris les 40 premiers cas observés) connus de personnes atteintes de mucoviscidose testées positives au coronavirus. Ce groupe a été subdivisé en personnes ayant subi (32) ou pas (149) une transplantation (poumons et/ou foie). En Europe, une moyenne de 6,1% des personnes atteintes de mucoviscidose ont été transplantées. Or, dans ce groupe de personnes testées positives au coronavirus, le nombre de transplantés est de 17,6%. Il semble donc que les personnes ayant subi une transplantation soient plus sensibles au coronavirus. Ce pourrait être dû à l’obligation de prendre des médicaments qui affaiblissent le système immunitaire en vue d’éviter le rejet de l’organe transplanté.

Chez les personnes atteintes de mucoviscidose, non transplantées, testées positives au coronavirus, les observations suivantes ont été faites :

  • Âge moyen 24 ans (varie de 0 à 74 ans)
  • 82% ont manifesté des symptômes du Covid-19
  • 47% ont été hospitalisés
  • 4% ont été admis aux soins intensifs
  • 23% ont eu besoin d’oxygène supplémentaire
  • 3% ont été intubés

Chez les personnes atteintes de mucoviscidose, transplantées, testées positives au coronavirus, les observations suivantes ont été faites :

  • Âge moyen 38 ans (varie de 9 à 50 ans)
  • 93% ont manifesté des symptômes du Covid-19
  • 74% ont été admis à l’hôpital
  • 25% ont été admis aux soins intensifs
  • 52% ont eu besoin d’oxygène supplémentaire
  • 17% ont été intubés

Cela montre qu’une transplantation antérieure représente clairement un facteur de risque d’hospitalisation et d’évolution plus grave de la maladie. Les autres facteurs de risque étaient :

  • L’âge
  • Le sexe masculin : dans le groupe des personnes atteintes de mucoviscidose transplantées, il y avait deux fois plus d’hommes que de femmes ; 83% des hommes en question ont dû être hospitalisés, contre 56% de femmes.
  • Le diabète lié à la mucoviscidose.
  • Un faible volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) : ceux ou celles possédant un VEMS supérieur à 70% avaient clairement beaucoup moins de risque d’être hospitalisé.e.s.

Au sein de ce groupe de 181 cas de Covid-19, 7 personnes sont décédées. 4 d’entre elles n’avaient pas été transplantées. Toutes avaient un VEMS inférieur à 70%. 1 personne avait moins de 18 ans, 2 avaient plus de 40 ans. 3 des 4 personnes souffraient d’un diabète lié à la mucoviscidose. Dans le groupe des personnes transplantées, le décès de 3 personnes est à déplorer.

De manière globale, nous pouvons conclure que le bilan du Covid-19 parmi la population des personnes atteintes de mucoviscidose n’est pas si mauvais. Probablement parce que celle-ci est en général très jeune et a l’habitude de suivre des règles d’hygiène particulièrement stricte dans sa vie quotidienne. Il demeure néanmoins qu’une contamination au coronavirus n’est pas anodine pour certaines personnes atteintes de mucoviscidose ayant des facteurs de risques (voir plus avant).